Le ciel étoilé au dessus de ma tête
Ilan Klipper vient nous offrir une petite perle du cinéma français avec son premier long métrage Le ciel étoilé au dessus de ma tête.
Un film singulier et extravagant
Le ciel étoilé au dessus de ma tête nous fait rencontrer Bruno, un écrivain malade du succès de son premier et unique livre. On le découvre dans son appartement (le film est quasiment en huis-clos) dont la décoration est tout aussi loufoque que le personnage. Il y a d'ailleurs une métaphore assez évidente entre l'appartement et l'esprit de Bruno. On le trouve d'abord drôle, au peu saugrenu, étrange aussi et un brin insensé, un peu fou en sommes. Mais c'est la complexité du personnage et le point de vue de la caméra, qui se refuse à prendre parti parmi les personnages, qui nous interroge sur cette folie, alors que Bruno apparaît également très lucide et attachant. C'est là le génie de Ilan Klipper : la folie devient un suspect invisible, insaisissable, parce qu'elle est bien trop intelligente pour n'être qu'une pathologie à identifier et à interner. Le scénario est simple, limpide mais également d'une grande originalité.
C'est un film qui questionne le génie et la folie en utilisant le génie et la folie.
Enfin des personnages qui sortent de l'ordinaire, parmi ceux qui n'ont pas de catégorie pré-déterminée à l'avance. On se laisse alors surprendre en découvrant leurs caractères et leurs personnalités à chaque minute du film, le tout dans une atmosphère qui vacille entre un réel déconcertant et une fiction absurde.
Laurent Poitrenaux interprète le personnage de Bruno avec beaucoup de justesse, un rôle qui pourrait facilement devenir burlesque ou ridicule. L'acteur devient invisible, seul le personnage reste tangible, au travers de scènes de solitude, d'inspiration ou de colère et rien ne choque dans son caractère, tout semble normal.
Un film pictural et poétique
Ilan Klipper porte un réel intérêt aux couleurs et à l'image de ses plans. J'aime pouvoir considérer un film comme une peinture et me régaler des teintes utilisées et de la composition de l'image. Dans Le ciel étoilé au dessus de ma tête, les tonalités sont duveteuses ou éclatantes mais toujours pleines de délicatesse et de poésie. On sent une réelle recherche de cohérence chromatique et esthétique, et cela fait du bien aux yeux.
La musique, réalisée par Fugitive et Frank Williams est également superbe. Frank Williams, acteur dans le film, interprète avec sa guitare « Ophélie » de cette voix roque et tremblante, une mélodie pleine de douceur.
C'est aussi un film plein d'humour. Peut être pas à s'en rouler par terre, mais un humour plus subtile : on rit de l'attitude des personnages, de détails ou de dialogues un brin incongrus. Et ça fait du bien un film sérieux et drôle à la fois. Ilan Klipper utilise ainsi la comédie pour aborder la folie et de la complexité humaine, ce qu'il fait avec beaucoup de sensibilité, de talent et de poésie.
Mais c'est aussi un film en dehors des genres. Je ne peux pas dire que ce soit uniquement drôle, c'est aussi étrange, un brin incommodant, intrigant, colérique, enragé, frénétique et absurde. En définitif, rien n'est lisse.
Bref, ce film est la petite pépite du moment, je le recommande vivement tant qu'il est dans les salles de cinéma française !